Problème de migration : causes, solutions et bonnes pratiques à suivre
En 2022, le nombre de personnes déplacées de force dans le monde a dépassé 100 millions, selon les données du HCR. Certains pays, malgré des accords bilatéraux stricts, continuent d’enregistrer une hausse des arrivées irrégulières à leurs frontières.
Des politiques migratoires restrictives ne suffisent pas à freiner les flux lorsque la pression économique, la violence ou les catastrophes naturelles persistent dans les régions d’origine. Les trajectoires migratoires s’adaptent, les risques évoluent et les réponses institutionnelles peinent à suivre l’ampleur et la diversité des causes.
Plan de l'article
Pourquoi quitte-t-on son pays ? Comprendre les causes profondes de la migration
La migration internationale ne se résume jamais à un simple passage de frontière ou à l’image d’un exil spectaculaire. Comprendre les causes de la migration suppose de regarder de près la mosaïque de réalités qui poussent des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants à tout quitter. L’ONU définit un migrant international comme toute personne vivant en dehors du pays dont elle possède la nationalité ou la citoyenneté. Derrière cette définition se cachent d’innombrables histoires individuelles, parfois tragiques, toujours plurielles.
L’étude du PNUD conduite en 2019 met en lumière un point frappant : 94 % des migrants africains interrogés en Europe évoquent plusieurs raisons qui les ont poussés au départ. Les moteurs de la migration se croisent, se superposent. Si la recherche d’un revenu décent et la fuite de la pauvreté occupent une place centrale, l’équation n’est jamais si simple. L’absence d’opportunités, le chômage des jeunes ou des femmes, les inégalités persistantes, mais aussi les discriminations et l’insécurité alimentaire s’invitent dans la balance. À cela s’ajoutent des aspirations fortes : offrir un avenir meilleur à sa famille, accéder à l’éducation ou aux soins.
Des facteurs globaux viennent encore alourdir l’urgence du départ. Catastrophes naturelles, dégradations environnementales, réchauffement climatique : parfois, il devient tout simplement impossible de rester. Les guerres et les bouleversements politiques, de leur côté, provoquent l’exil en masse. Entre migration de nécessité, migration de choix ou migration familiale, la frontière se brouille vite.
Voici les principales dynamiques à l’œuvre :
- Économiques : manque d’emplois, pauvreté, inégalités sociales
- Environnementaux : impact du climat, catastrophes écologiques
- Politiques : conflits armés, instabilité, répression
- Sociaux et familiaux : recherche d’éducation, accès à la santé, regroupement familial
Pour mieux nommer et comprendre ces parcours, La Cimade recommande d’utiliser les termes « personnes migrantes » ou « personnes en migration ». Loin des clichés, les flux migratoires racontent les failles et les aspirations d’un monde en mouvement.
Entre espoirs et difficultés : le parcours complexe du migrant
Pour celles et ceux qui migrent, le voyage se construit rarement sans embûches. Le parcours du migrant est jalonné d’attentes, de contraintes et d’incertitudes. Changer de pays ne signifie pas seulement changer de décor : chaque frontière franchie révèle de nouveaux obstacles, souvent invisibles dans les statistiques.
Le type de passeport en poche décide, dès le départ, de la liberté de circuler. Un passeport français donne accès à 173 pays sans visa ; un passeport afghan, à peine 39. Ce déséquilibre conditionne le choix des routes, la dangerosité du voyage, le recours à des réseaux d’intermédiaires. Arrivent ensuite les démarches administratives : demande d’asile, statut de réfugié reconnu par la Convention de Genève, situations de sans-papiers ou de migration régulière. Droits, protection, accès aux services : tout dépend du statut obtenu, souvent au prix d’un véritable parcours du combattant.
L’installation dans un nouveau pays ne marque pas la fin des difficultés. Les barrières linguistiques et culturelles limitent l’accès à l’emploi, aux soins, à l’école. Des initiatives comme le projet EUGATE cherchent à améliorer l’accès aux soins pour les migrants en Europe, tandis que les médiateurs interculturels œuvrent pour faciliter la compréhension et l’accompagnement. Mais la lourdeur administrative, l’opacité des démarches et les différences selon les quartiers, comme à Bruxelles, de Schaerbeek à Molenbeek, restent des freins réels.
Le PICUM rappelle que les migrants figurent parmi les groupes les plus fragiles en matière de santé. L’accès à la protection sociale, la garantie des droits ou la simple reconnaissance de leur vécu exigent des efforts continus. Derrière chaque trajet, il y a une histoire singulière, faite de rêves, d’obstacles et de persévérance.
Quels impacts pour les sociétés d’origine et d’accueil ?
La migration internationale transforme en profondeur les sociétés. Pour les pays d’origine, le départ d’une partie de la population signifie parfois perte de savoir-faire et de ressources humaines. Pourtant, la diaspora entretient un lien vital. Les transferts de fonds envoyés par les migrants pèsent lourd : en 2017, ils dépassaient 450 milliards de dollars vers les pays à faible et moyen revenu. Au Liban, ces transferts représentaient 38 % du PIB en 2022. Au-delà de l’aide familiale, la diaspora finance des projets d’envergure, soutient l’innovation, comme le montre l’initiative Migrations & Développement portée par des Marocains de l’étranger.
Voici quelques exemples concrets d’apports de la diaspora :
- Les projets de développement local impulsés par les migrants contribuent à la modernisation de leur région d’origine.
- Les obligations diaspora mobilisent l’épargne des expatriés au service de projets nationaux.
Dans les pays d’accueil, la présence de migrants internationaux fait évoluer le marché du travail, l’offre de services et la démographie. L’intégration suscite débats et parfois tensions, mais aussi un renforcement des liens sociaux sur la durée. En 2017, 3,4 % de la population mondiale était composée de migrants internationaux, mais leur répartition est loin d’être homogène : 84 % des réfugiés vivent dans des pays en développement, souvent moins équipés pour les accueillir. La migration, loin d’être un problème figé, devient un levier d’échanges, de solidarité et de transformation collective.
Bonnes pratiques et pistes pour une migration mieux accompagnée
Accompagner les migrations ne relève ni de l’improvisation ni du repli sur soi. Le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières propose un cadre, certes non contraignant, mais porteur d’une vision collective. Chaque État garde la main sur ses politiques mais s’engage à travailler de concert pour faciliter la mobilité des personnes. Dans la foulée du Plan d’action conjoint de La Valette et du Processus de Rabat, le dialogue euro-africain se structure autour de mesures concrètes : logistique, partage d’informations, harmonisation des démarches.
Plusieurs leviers peuvent renforcer l’accompagnement des personnes migrantes :
- Valoriser la protection sociale : garantir l’accès aux soins, aux droits du travail et à un accompagnement juridique adapté.
- Stimuler l’innovation sociale : déployer des plateformes d’information multilingues, des réseaux de médiateurs interculturels, former les acteurs locaux.
- Préférer le retour volontaire accompagné au retour forcé, afin de faciliter une réintégration réussie et d’éviter la spirale de l’exil répétitif.
L’OIM et l’OIT jouent un rôle clé dans la régulation des migrations : assistance, insertion professionnelle, encadrement des droits. Les Objectifs de développement durable considèrent la migration comme un enjeu transversal. L’avenir se construit dans la coopération : multiplication des échanges d’expertise, implication des sociétés civiles, concertation entre territoires d’origine et d’accueil. C’est dans cette dynamique partagée que se dessinent les réponses les plus prometteuses.
La migration façonne déjà le visage du monde : parcours individuels, dynamiques collectives, élans d’innovation et de solidarité. À la croisée des routes, ce sont nos sociétés elles-mêmes qui s’inventent, défiant la fatalité pour ouvrir de nouveaux possibles.

