
Les secrets des catégories d’ERP : aperçu des niveaux de 1 à 5
1 501 personnes sous un même toit : ce n’est pas qu’un chiffre, c’est un seuil qui fait basculer un bâtiment dans un autre univers réglementaire. À l’autre bout de l’échelle, un local minuscule peut se retrouver sur la sellette si son activité comporte des risques bien particuliers. Rien n’est laissé au hasard.
La législation trace cinq frontières nettes, chacune avec son lot de contraintes sur la sécurité et l’accessibilité. Peu importe la taille, peu importe la fréquentation affichée : ignorer ces règles, c’est s’exposer à des mesures sévères, parfois même à des poursuites. La neutralité n’existe pas ici.
Plan de l'article
Comprendre la notion d’ERP et leur rôle dans la société
Le sigle ERP recouvre une réalité concrète : un établissement recevant du public. Cette catégorie, définie par le code de la construction et de l’habitation (CCH), englobe une mosaïque de lieux : salle de spectacles, centre commercial, école, musée, bibliothèque, gymnase, restaurant, gare, mairie… La diversité est immense, mais le point de convergence reste l’accueil de personnes extérieures, qu’elles soient invitées ou simples visiteurs, non salariées et souvent peu familières des lieux.
La réglementation s’impose à tous ces espaces partagés pour un motif simple : protéger les usagers des dangers, principalement incendie et mouvements de foule. Le public ne maîtrise pas toujours les subtilités techniques d’un bâtiment. Pour cette raison, la loi impose des normes strictes et adaptées à chaque établissement recevant du public, en tenant compte de plusieurs critères : superficie, capacité d’accueil, nature de l’activité, ou encore type d’établissement. L’objectif ? Sécuriser les personnes, permettre une évacuation rapide si besoin, anticiper toute défaillance.
Au fil du temps, une classification s’est structurée autour des ERP type. Elle distingue les usages, enseignement, hébergement, restauration, santé, spectacle, commerce, administration. Ce découpage impacte chaque aspect : obligations techniques, contrôles, accessibilité, signalétique, formation du personnel. Dans une société où les espaces ouverts au public ERP se multiplient, leur rôle, social, culturel, économique, exige une vigilance permanente. Les règles dépassent largement la simple case à cocher administrative : elles engagent la responsabilité de tous, des gestionnaires aux collectivités, sans oublier les professionnels du bâtiment et les utilisateurs eux-mêmes.
Quels critères distinguent les catégories d’ERP, du niveau 1 au niveau 5 ?
La logique de classement des ERP s’appuie avant tout sur un chiffre : la capacité d’accueil maximale, incluant public et salariés. Ce seuil dessine cinq catégories distinctes, chacune marquant une hausse ou une baisse du niveau d’exigence réglementaire.
Voici comment s’organise la répartition officielle :
- Catégorie 1 : plus de 1 500 personnes. On y retrouve les grandes structures, centres commerciaux d’envergure, salles de spectacles majeures, complexes polyvalents. Ici, la vigilance et les moyens déployés atteignent leur sommet.
- Catégorie 2 : de 701 à 1 500 personnes. Ces établissements, même si moins vastes, restent soumis à des exigences proches du niveau supérieur, avec des ajustements selon la taille.
- Catégorie 3 : de 301 à 700 personnes. Beaucoup de cinémas, écoles ou restaurants de moyenne envergure entrent dans cette catégorie.
- Catégorie 4 : jusqu’à 300 personnes. Ici, la diversité des lieux est grande : commerces, salles associatives, petits équipements culturels ou sportifs…
- Catégorie 5 : moins de 300 personnes, en deçà du seuil de la catégorie 4. Les règles s’allègent, sauf pour les établissements où le sommeil est une activité principale.
La notion de ERP catégorie capacité n’est pas qu’une affaire de chiffre. Elle engage directement la responsabilité du responsable des lieux et conditionne l’ensemble des mesures de prévention. Les locaux réservés au sommeil, hôtels, établissements de santé ou d’hébergement, font l’objet de seuils spécifiques, en raison de la vulnérabilité accrue des occupants. À titre d’exemple, les salles de spectacles doivent intégrer l’effectif de spectateurs dans le calcul, tout comme les piscines publiques comptent le nombre de baigneurs potentiels. Le moindre détail peut faire basculer un établissement d’une catégorie à l’autre, modifiant du même coup tout l’arsenal réglementaire auquel il sera soumis.
Panorama des obligations réglementaires selon chaque catégorie d’établissement
Le Code de la construction et de l’habitation définit sans ambiguïté la réglementation pour chaque catégorie d’ERP. La protection contre l’incendie est le socle commun, mais la rigueur des exigences varie nettement selon la catégorie.
Dans les établissements de catégorie 1 et 2, la sécurité incendie s’appuie sur des dispositifs renforcés : alarme généralisée, compartimentage des espaces, désenfumage mécanique, présence obligatoire d’un service sécurité incendie dédié. Les plans d’évacuation doivent être affichés et accessibles, les registres de sécurité tenus à jour, les contrôles de la commission de sécurité sont fréquents. Au moindre écart, les sanctions tombent vite, jusqu’à la fermeture de l’établissement.
Pour les catégories 3 et 4, les obligations restent précises : issues de secours dimensionnées pour l’affluence, matériel de lutte contre l’incendie en état de marche, affichage des plans d’intervention, registre de sécurité actualisé. Les visites de la commission sont régulières. Un service incendie permanent n’est pas systématique, mais l’accessibilité, la signalétique, ou la boucle à induction magnétique pour les personnes malentendantes ne tolèrent aucune négligence.
En catégorie 5, les contraintes s’allègent, mais certains équipements restent indispensables. Les établissements à sommeil (petits hôtels, crèches) doivent appliquer des normes spécifiques, car la vulnérabilité des occupants endormis impose une vigilance accrue. L’affichage des plans d’évacuation, l’entretien régulier des extincteurs, l’accessibilité pour les personnes handicapées : ces exigences minimales sont placées sous la surveillance des autorités.
Conseils pratiques pour renforcer la sécurité incendie dans votre ERP
Rigueur et anticipation sont vos alliées. La sécurité incendie ne laisse aucune place à l’approximation dans un établissement recevant du public. Un simple détail négligé, porte coupe-feu mal fermée, extincteur dépassé, plan d’évacuation illisible, et la vulnérabilité grimpe aussitôt.
Première étape : repérez systématiquement les points faibles. Analysez les flux de circulation, surveillez l’entreposage des matériaux combustibles, contrôlez l’accès aux issues de secours. Faites vérifier chaque système d’alarme et l’état des robinets incendie armés. Les extincteurs doivent être contrôlés et visibles, leur signalétique impeccable.
Impliquer et former le personnel
La sécurité s’organise au quotidien, jamais à la légère. Prévoyez des exercices d’évacuation au moins deux fois par an, et accompagnez chaque nouvel arrivant dans la découverte des équipements de lutte contre l’incendie. La formation, le repérage des anomalies, la capacité à gérer les flux en cas d’alerte : chaque membre de l’équipe doit être prêt.
Quelques actions simples font la différence :
- Placez le plan d’évacuation bien en vue dans toutes les zones à forte fréquentation.
- Un registre de sécurité scrupuleusement tenu permet de tracer chaque contrôle et chaque intervention.
- Assurez la transmission à jour du plan d’intervention aux services de secours, en l’actualisant dès qu’une modification intervient dans l’organisation des locaux.
Pour les établissements sportifs couverts ou les salles polyvalentes à dominante sportive, adaptez les mesures à l’activité : vérifiez la conformité du matériel, veillez à la facilité d’accès pour les secours. N’oubliez pas la signalisation lumineuse et l’éclairage de sécurité, surtout lors d’événements où la foule s’invite. Plus l’environnement est maîtrisé, moins le risque d’incendie a de prise.
À la faveur d’un simple changement de configuration ou d’une affluence exceptionnelle, la catégorie de votre établissement peut changer. La règle ne laisse aucune place à l’improvisation. Mieux vaut anticiper, car un détail négligé peut faire toute la différence, en salle comme dans les coulisses.